Acte I


Scène 1

Aujourd’hui encore, la Grèce est un pays jeune qui n’a pas même connu les univocités historiques vécues depuis sa création par les pays plus à l’Occident. Accommodé aux temps d’un Romantisme volage amant de Germanie et d’Orient, et au vieillard Humanisme, il va issir, à l’âge d’une trois cent soixantaine d’années, de sa tutelle pachalesque : si hélas le pays est pimpant, la Grèce demeure antique et soumise à la construction du symbole. C’est sur un modèle rénové que l’ardeur de ses enfants entreprend de la construire, et c’est de ce modèle qu’il nous incombe de juger, en premier lieu, s’il peut soutenir son discours.


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 Scène 2

Elle naît de temps immémoriaux, et très tôt se lance à la conquête non du seul divin mais de la Beauté. A mesure que se dissipe l’illisible brouillon d’un âge qui semble attendre l’aède Homère, notre « histoire » — issue de l’idée qu’elle-même serait un « progrès » tout idéal mais soumis à sa propre étude, ce mot ne signifiant d’abord qu’une marche vers l’avant, géographique ! — y voit ce qui lui est invisible, donc rien du tout.


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Scène 3

L’âge antique se construit de deux extrêmes, avec pour milieu l’âge classique lui-même flanqué entre deux guerres, la première contre les Perses, la dernière « intra-muros », bien que la Grèce, seule unifiée quant à une norme linguistique inséparable de ses dialectes, ne soit qu’un système de cités — ville à laquelle attenaient les terres. Au comble l’épure de l’ère épique se nomme Iliade et Odyssée (VIIIe siècle avant J.-C.). Son antipode est à choisir parmi les données de l’histoire qui vont faire de la Grèce une province, romaine d’abord avec le siège de Corinthe (146 av. J.-C.), byzantine enfin avec la mort de Théodose (395).


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Scène 4

Du reste, nous ne dirons rien d’Homère puisqu’il suffit d’en lire. Du Perse, que l’historien nous dit apostats de la cruche et abonnés au vignoble — surtout pour les prises de décision, — il faudra également en bouquiner davantage chez Hérodote : ayant étalé leurs frontières jusqu’aux peuples grecs de ce qu’aujourd’hui est la Turquie occidentale (alors l’Ionie), les Perses sont arrêtés, en 490, à Marathon. Les Athéniens l’apprendront, on le sait, au prix du fatal épuisement de la quarantaine de Philippidès.
En lire un peu davantage.


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Scène 5

Le génie du lieu triomphera toujours des
révolutions du temps et de la fortune.
Un historien moderne
 
Les affaires perses ne sont pas quittes de la grandeur future de la Grèce. Xerxès, le fils du Darius de la première guerre, organise une fabuleuse expédition contre les Grecs, se soldant, après les Thermopyles et l’Artémision, en l’inconditionnelle victoire navale à Salamine. Nous sommes en septembre 480.
Par deux fois, le Goliath perse, symbole de la démesure, du sublime de l’Orient, échouait face à ce principe opposé du milieu, engouffrant l’ennemi dans ses défilés, leurs navires dans ses détroits, et l’hybris plus amplement dans le goulet de la vertu grâce à la pratique de laquelle la Grèce se félicitait de lutter contre tyrannie et pauvreté.

Chez les théoriciens du moins, qui contribuent grandement à la constitution de l'histoire, en travaillant l'avenir.

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